C’est l’histoire de notre ami ago, qui décide de faire un petit tour de vélo. Mais avant ça, tout équipé en cycliste qu’il est, il va faire des courses. Au rayon boucherie il rencontre son pote Norbert content de le voir dans son accoutrement flashy.
« Au fait Ago, t’as déjà été au sommet du Ventoux avec ton vélo ».
Ago ne répond pas.
Il poursuit ses achats, et là au rayon legume il tombe sur Tom le fils de la voisine. « Salut Ago, tu fais quoi dans ta panoplie de clown en face des melons ? »
« Sinon Ago, T’as déjà été au sommet du Ventoux avec ton vélo ? »
Ago serre un peu les dents
Arrivé à la caisse, Josline qui connait ago depuis longtemps.
« Alors Ago avec une tenue pareil tu vas au Ventoux avec ton vélo ? »
Là Ago il commence à avoir les boules sévère. A ouai ben ils vont voir, je vais y aller au sommet du Ventoux avec mon vélo !!!!!!!!!
Elargir le tour de piste… C’est en voyageant qu’on voyage plus. On s’installe dans le pilotage, dans les usages, on a des repères.
Les ados de notre communauté franco-grecque ne nous laissent pas de répit et chaque année on doit rejouer le jeu de «on choisit l’ile et on s’y retrouve » En ces temps de Covid, le choix de l’ile, les arguments amènent des projections qui mettent un peu de bleu et de sable en plein milieu de l’hiver.
On aime monter la difficulté et trouver une ile un peu inaccessible.
Moi je joue dans mon camp, aéroport AVGAS ou pas, taxes, chacun son prisme de décision.
Finalement, on veut le Dodécanèse et l’ile retenue est Karpathos.
Ça c’est loin !
En 2015, je me suis posé à Sitia l’extrême est de la Crète. Plus loin l’ile de Kassos puis Karpathos. Aéroport civil, le gestionnaire Allemand Fraport n’y a pas posé ses panzers la taxe sera raisonnable. Pas d’Avgas mais les plateformes à Avgas se comptent sur les doigts de la main.
On a décidé de faire Visan – Terni en première branche. Terni c’est la petite plateforme sympa qu’on a découvert lors de notre précédent périple hellénique. On s’y était posé en déroutement et on avait promis d’y revenir par choix.
Pas de taxe, automat avgas et resto quoi demander de plus ?
Comme ces temps ci certains essaient de passer la qualif hydravion sans flotteur en Méditerranée, on est un peu méfiant. Le super canot de 10kg ne pourra pas être emporté cause masse et centrage.
On part à quatre avec bagages et JE a beau être une bonne bête de somme, on peut sortir un peu du centrogramme mais là le point serait sorti de la page et l’avion rentré dans les arbres en bout de piste.
Aussi après une route sur Nice, ont choisi une route en arc de cercle dans le golfe de gênes. Au niveau 90, Skydemon qui a l’option d’afficher en continu la distance de planée nous montrera qu’on est toujours à portée des côtes.
Nouveauté cette année, une bouteille d’oxygène. L’an dernier, nous avions dû monter au 135 cause météo et j’ai estimé qu’on pouvait sacrifier un peu de place pour que le pilote ne se retrouve pas avec un QI d’huitre au repos après un manque d’oxygène.
Cette branche s’est déroulée comme sur le log, y compris l’arrivée à Terni, le plein et même le resto. Seul hic lors de la commande au resto on pensait commander des pates et on a eu de la viande, mais je reconnais que je n’avais pas mis la commande du resto sur le log et là paf l’imprévu bête.
On repart mais le début d’après-midi cogne fort, l’avion est chargé à bloc, les infos parlent de la canicule et nous on doit passer les montagnes italiennes et comme a chaque fois ben c’est pas facile….
Je n’ai pas fait de planneur et je suis une burne avec l’aérologie, mais un peu comme le chercheur d’eau dans le désert, avertisseur de décrochage hurlant je vais chercher du vario près du relief. Quand on décide de voyager jusque dans le Dodécanèse et qu’on cherche des pompes pour monter…. Ce n’est pas bien sérieux mais bon on fait ce que peut avec ce qu’on a.
Surtout que l’aiguille de la température moteur dans le rouge, me rappelle qu’il serait de bon ton que je redonne un peu de vitesse à notre épopée.
Comme d’habitude Rome info ne répond plus de toute façon c’est la pire fréquence que je connaisse. Une info qui va du nord de l’Italie en incluant la Sicile et la Sardaigne. On oscille entre le grand bazar d’istanbul et la vente de poisson à la criée. Bref pour se faire entendre c’est pas gagné et quand en plus on pilote à la transpiration pour passer ces foutues montagnes….
Pour couronner le tout Roma info n’a pas de radar donc dés qu’il vous prend enfin en charge (un bien grand mot…) c’est « report position and altitude »…. Et là vous avez furieusement envie de répondre position en face d’une saloperie de montagne en essayant de monter quand je peux….
Bref de mon expérience Roma info ne sert à rien d’autre qu’ouvrir le plan de vol.
Dans le relief on les perd en fréquence comme d’habitude….
On passe enfin la barrière des Apennins . Cela redescend et on va pouvoir chopper Brindisi Info… Beaucoup plus cool. On fait un petit passage avec Amendola mais c’est samedi les militaires sont au barbecue tout est calme.
J’ai appris de ma précédente expérience. J’utilise les points IFR et le contrôle et moi, on est pote.
On arrive tout au bout du talon de la botte vers Lecce. On doit se poser à Corte LINB je quitte le contrôleur « corte in sight » mais en fait Corte est en vue…. Sur la tablette et uniquement sur la tablette.
Corte pourrait rentrer en compét avec Visan dans la catégorie des terrains qu’on ne distingue que quand on roule à la pompe.
Après un ou deux tours on finit par voir un terrain en terre rouge. Finale et on se pose dans un nuage de poussière comme si on était en Afrique !!!!
Antonio est à la radio. On s’est arrangé par mail pour l’avgas, il nous a même très gentiment réservé un hôtel en ville.
Il fait chaud.
Le plein fait a partir d’une cuve sur remorque, le chauffeur arrive. Nous passerons une très bonne soirée dans un restaurant de poissons et de fruit de mer avec rapport qualité prix incroyable.
Voyager à l’étranger, c’est comme piloter il faut être devant, anticiper.
Le lendemain, on doit faire le plein à Ioannina et faire la dernière branche sur Syros. Mais Syros ferme à 11:30Z 14:30L. A noter qu’à partir de là on ne parle qu’en UTC. Le changement de fuseau horaire rend impossible l’utilisation du LT sans se faire des nœuds au cerveau.
Comme Corte n’ouvre qu’a 07:00Z cela risque d’être trop court pour le refueling à Ioannina. Antonio gentiment accepte de nous donner la clef pour qu’on se prépare et nous promet de venir en avance pour qu’on puisse partir 30 minutes avant. Cela devrait passer.
Pour info, cette année, nous avions décidé de nous arrêter à Corte en Italie a cause de l’attitude déplorable de Fraport, le gestionnaire allemand qui maintenant s’occupe des 14 aéroports les plus rentables de Grèce. Ces aéroports sont à éviter pour des questions de taxes prohibitives. Mais en l’occurrence, d’habitude malgré cela nous aimons passer notre première soirée à Corfou. Mais alors que nous avons envoyé notre PPR 14 jours avant la date (qui est la plus longue anticipation que Fraport accepte) mon heure d’arrivée estimée a été refusée. En alternative, je me suis vu proposer un créneau 10 minutes avant la nuit (sachant que le NVFR est interdit en Grèce). Payer très cher pour une escale qui se résume à dormir à l’hôtel a côté n’avait pas d’intérêt.
Pour ceux qui auraient du mal a décoder, l’hypocrisie d’un gestionnaire qui doit faire de l’argent avec ce qui devrait être un moyen de faire arriver des touristes, cela signifie « trop petit, dégage on préfère garder un créneau intéressant pour du plus gros poisson »
C’est ainsi qu’on a choisi Ioannina mais qui n’est ouvert que le matin et d’où le stop en Italie. Voler en Grèce c’est résoudre des équations complexes.
Bref le stop doit être court car Syros ferme tôt. Je les ai quand même appelés et le gars à la tour a concédé un retard de 15 min, toujours ça de gagné.
Arrivé proche de Corfou, le contrôle me met au raz de l’eau et me fait contourner l’ile sur des points VFR. Pas cool pour le chrono déjà tendu….
On pose à Ioannina, très belle plateforme a côté du Lac. Je connais la ville, c’est un endroit très sympa. Mais là il va falloir foncer. On s’est réparti les taches, ma femme s’occupe de gérer les pleins et moi je fonce faire les formalités. L’aéroport a la réputation d’être très sympa avec les petits avions et je confirme c’est le cas. En Grèce quand vous avez de l’Avgas et que Fraport n’est pas gestionnaire cela signifie que vous êtes une forme de résistant marginal.
Je reviens avec le gars dans la petite bagnole prés de l’avion, on est dans le timing, on a 15 minutes d’avance sur le plan de vol. Tout est bon.
Mais le plein n’a pas été fait….
Ma femme m’indique qu’ils ont un problème.
En effet, le condensateur qui lance le moteur de la pompe semble niqué. La mise en route de la pompe ne se fait pas même en cherchant à la lancer à la main. Le gars essaye plusieurs fois, le chrono tourne. Il appelle la maintenance. J’ai passé l’heure de départ du plan de vol de 10 minutes. Le gars me dit on répare, dans 20 minutes c’est bon.
Je ne les ai pas.
Pilote ce n’est pas branler le manche c’est décider et assumer.
Je calcule, j’estime.
On part sans le plein.
J’ai un log avec économie de carburant. Il va falloir monter le plus haut possible et couper toutes les branches pour obtenir le plus de direct possible.
Il fait chaud et monter est difficile mais on arrive quand même à prendre 9000ft mixture aux petits oignons et surtout le régime moteur a l’entrée de la zone verte. 2300 tr. Altitude et régime c’est le secret.
On va quand même sur une ile en mer Egée, l’interruption volontaire de vol n’est pas une option. J’ai quand même en tête les déroutements possibles et j’ai normalement la réserve réglementaire.
On survole le canal de Corinthe puis on rentre dans la zone d’Athènes. Le contrôleur me donne des points différents de mon log, mais je lui ai expliqué que cause pétrole j’étais preneur d’une directe. Il me donne des points de report… aligné sur la cible.
Mais en mer Egée, le VFR c’est 3000ft max…. je rentre la mixture en grognant.
Je gère le pivotement des réservoirs main sur le commutateur en guettant le voyant de pression d’essence. Quand je pivote le dernier réservoir (40 l) la messe est dite, cela passera mais chaud patate quand même.
On pose à Syros, 2 min avant l’heure de fermeture et on est accueilli super bien.
On met dans l’avion 124 litres sur 150 utilisables.
Quand on fait un truc et que cela passe on a tendance à bomber le torse car on a explorer une limite. C’est une connerie. Parfois on fait quelque chose qui passe et il faut reconnaitre que c’était une erreur. 25 litres restant c’est 50 minutes de vol, mais au milieu de la mer Egée c’est court pour le déroutement. Je ne le referais pas.
Sur la gestion carburant, un point important. Les DR300 ont la sonde de pression essence assez pessimiste. Par exemple, il peut arriver l’hiver en montée plein gaz quand on coupe la pompe que le voyant scintille un peu (à cette occasion je remets la pompe) c’est une bonne chose car je peux vous assurer qu’entre le moment où le voyant s’allume et que le moteur tousse on a largement le temps de tourner le réservoir. J’en ai fait l’expérience au sol.
Syros on y passera deux jours car notre rendez vous à Karpathos est mardi. Syros est une ile super pour le VFR car la plateforme est petite (bien-sûr sans Fraport) et avec Avgas. L’ile qui est plutôt très administrative et avec des résidences secondaires d’Athènes s’est avérée en fait très sympa et on a passé deux super jours.
Le mardi décollage pour karpathos. Notre point de rendez-vous. Nos amis sont déjà arrivés, le covid a tendance a foutre le bordel dans la programmation des avions low cost et ils ont dû arriver un jour plus tôt.
Le transit sur la mer Egée est toujours difficile. Je pense que c’est un endroit magique pour voler l’hiver mais l’été l’humidité proche de la surface fait une ambiance laiteuse où on ne voit pas l’horizon. On voit la mer en dessous mais c’est tout. Ce phénomène est beaucoup plus marqué qu’en Corse.
On est en PSV complet focalisé sur les instruments et sans PA c’est vraiment crevant. Ma femme surveille les paramètres notamment le CAP et moi je tiens l’avion en faisant les écarts les plus petits possibles.
L’exercice semble toujours facile a celui qui ne l’a jamais fait et là, il faut le tenir 40 minutes. Dés qu’un ilot apparait dans le champ visuel, le cerveau raccroche et cela redevient facile. Sans ça il est même difficile de ne pas céder à une sensation d’ivresse bleu qui met l’avion dans une position débile.
Karpathos en vue !
On approche
.
Le contrôle me dit de rappeler en finale et plutôt que de choisir la vent arrière côté mer je la choisi coté montagne…. Erreur pour le confort de mes passagers !
Je découvrirais sur l’Ile que le vent dans cette région qu’on appelle le Meltem peut rivaliser avec le Mistral quand il est déchainé et surtout qu’il ne s’arrête jamais. Le posé est impeccable car il est dans l’axe et que la piste est très longue mais la vent arrière est particulièrement bumpy.
On plie les affaires et on sort de l’aéroport. Fred notre pote nous accueille. Ils ont déjà pris possession des lieux.
J’ai la prétention de bien connaitre la Grèce et mes amis sont eux-mêmes Grecs on a donc des jugements sur les îles assez précis et valables.
Karpathos est vraiment inaccessible. 20H de bateau depuis Athénes….. Une île qui se mérite, mais la beauté du nord de l’ile est époustouflante. Je connais beaucoup d’endroit magiques en Grèce, des petits coins de paradis où on peut être seul. Mais à Karpathos ce qui est impressionnant c’est le côté grandiose des paysages, l’ile est à la fois sauvage belle et praticable.
Certes pour aller d’un point à un autre, il faut rouler un peu mais quelle route.
On a loué deux voitures, une moto et un scoot…. Je roule donc avec une 650KLR qui ne freine pas de l’avant de toute façon les freins c’est pour les lâches…
Olympos est un village magnifique. Comme chaque fois on a très bien mangé avec un focus sur la chèvre et l’agneau ce qui m’a permis d’enrichir mon vocabulaire en grec.
Comme l’an dernier on a fait une balade en bateau pour explorer l’ile inhabitée de Saria au nord.
Nous habitions dans un endroit magique avec la mer, une petit taverna à côté et tout ce qu’il faut à pied.
Une semaine plus tard nous devions repartir…. Et nous avons fait un CANNONBALL !
Mon JE a fait la course contre l’aviation de ligne !
A l’aéroport de Karpathos, nous repartions a peu prés à la même heure avec nos amis qui eux prenaient l’avion de ligne.
Point de rendez -vous ? l’autre extrémité de la Grèce prés de Kavala complètement au nord à Nea Peramos.
On est debout sur l’aile à faire des signes quand ils montent dans l’avion de ligne.
Comme on a l’intention de gagner avec panache on laisse 15 minutes d’avance à l’avion de ligne.
En réalité on est obligé de faire un saut de puce pour refueler sur la Crète à Sitia et il faut être sûr que Sitia soit ouvert au moment où on arrive… J’avais espéré pouvoir faire un aller-retour pendant le séjour mais cela a été refusé par l’aviation civile grecque pour des questions de slot et de parking : vraiment très con mais bon.
On pose a Sitia encore une super plateforme (de toute façon les super plateformes en Grèce c’est Ioannina, Syros, Sitia et Megara)
On refuel on fait les papiers on paye et on repart. Destination Megara. C’est LA plateforme aviation générale à Athènes. On s’y pose on fait le plein, l’équipe se repose un peu. Je laisse a un atelier de mécanique un cadeau pour mon pote Kyp.
Kyprianos c’est le président de l’AOPA grecque, il se défonce pour que les choses s’améliorent, c’est lui qui m’a donné tous les conseils depuis mon premier voyage.
On repart de Megara. Bien sur il fait très chaud et on est un peu inquiet on va passer à proximité des incendies. Les contrôleurs nous ballotent un peu d’une fréquence a une autre. On nous demande de monter 7000ft a cause des incendies. La visi est mauvaise. Je suis en vue du sol, je vois à gauche mais pas à droite et en face c’est blanc.
On ne sait pas trop si c’est la fumée des incendies ou l’humidité on avance tant qu’on voit dessous et sur le côté. On arrive vers le mont Pilion. On passe enfin avec Thessalonique en fréquence. La visibilité sur la baie de Thessalonique est mauvaise mais on suit gentiment le bord. Je ne pourrais pas survoler la ville a cause des arrivées IFR. Le petit terrain de Kolchiko est derrière une colline au nord de thessalonique. Encore un terrain qui pourrait rentrer en compet du terrain introuvable….
On finit par le trouver.
Integration serrée un peu cowboy, finale tout les volets sortis… on voit arriver un surface plein de fleur de petits buissons…. C’est la piste.
Posé…
D’un coté on clôt le plan de vol au téléphone de l’autre on essaie de guider le mec qui doit amener la voiture de loc et qui est perdu.
On met l’avion dans un parc fermé.
Anna qui nous attendait au petit club nous donne des bouteilles d’eau fraiche…. A ce moment cela m’a paru même meilleur que le l’avgas à Syros.
On charge la voiture direction Nea Peramos.
A Nea Peramos, on a déchargé la voiture dans le petit appart de location trouvé sur airbnb. Au moment ou je ferme la voiture, nos potes passe dans la petite rue.
On a gagné le Cannonball !
FGMJE a battu deux avions de ligne en laissant 15 min d’avance au départ….
(je passe sous silence leur correspondance de 5H à l’aeroport d’Athènes mais un jeu est un jeu et on a gagné)
Nea peramos est a environ 1H du terrain, mais je n’ai pas pu rencontrer Georgos qui pourtant a tout organisé à notre arrivée. Je lui propose de passer au terrain le lendemain soir.
Ambiance petit terrain communauté de pilotes ostracisés par l’aviation commerciale.
Georgos ne peut pas vendre d’Avgas c’est interdit par la loi, mais il ne laissera pas un pilote tirer sur la corde. En Grèce la philoxenia passe avec la réglementation.
Et puis j’ai eu des cadeaux, porte clefs, T-shirt.
Un 4X4 a plateau arrive, le grand classique en Grèce, le vendeur de Karpousi (pastèque) c’est un pote de Georgos qui me charge une grosse pastèque de 8 kg dans le coffre de la voiture.
On prend rendez vous pour le départ dans quelques jours et confondu par la gentillesse de mes hôtes je reprends la route.
Nea Peramos, on connait depuis longtemps, je ne compte plus le nombre de fois où on y est allé. On coince la bulle avec application. On passe de la plage à la Taverna avec un mouvement si vif qu’on pourrait le faire à quatre pattes.
Vient le matin du départ. On dit au revoir à nos amis… il est temps de revenir, de laisser Thessalonique de monter sur les montagnes pour rejoindre Ioannina. En espérant qu’ils ont réparé la pompe. Deux semaines et demi nous séparent de l’aller quand même.
A kolchiko la famille de Georgos est venu nous voir partir, lui aussi, avec des gâteaux pour la route. On s’aligne et c’est parti… Ioannina.
On passe Kozani puis les météors. Les montagnes sont toujours superbes a cet endroit, pelées mais très belles. On arrive a Ioannina par le lac, l’arrivée est super.
Posé, papier et la pompe marche !!! on fait donc le plein… In BP I trust !
Après un court repos on repart j’ai eu un super contact avec un gars a L’Aquila, il m’a réservé des piaules et m’a assuré qu’on pouvait manger sur place…
Décollage de ioannina, on passe avec Kerkira, je sens qu’ils vont nous remettre bas et suivre leur foutus point VFR, joli mais quand on a 4h de route on préfère la directe. Le controleur comprend et me propose de longer la côte albanaise, bonne option. On met ensuite le CAP sur Brindisi.
On monte et on poursuit. Les cumulus chargent un peu mais surtout on a un vent de face vraiment fort.
Je décide que mon point de décision sera Foggia, je m’y suis déjà posé il y a six ans, j’y suis même resté coincé un weekend cause météo.
Alors que je suis avec les militaires d’amendola, je refais mes calculs, c’est juste, mais surtout les nuages annoncent une situation compliquée et une situation compliquée cela se gère mieux avec ce qu’il faut dans les réservoirs.
J’annonce aux militaires que cause pétrole, je prèfère me dérouter sur Foggia, « OK on les prévient »… On pose a Foggia.
On fait le plein. Seul déception dans ce voyage on s’est fait arnaquer d’une taxe incluant un soi disant handling (on a même pas été dans le terminal) de 250€ !!!
Malheureusement ce sont des choses qui arrivent quand On voyage a l’étranger. Je me fendrais d’un message de demande d’explication avant de leur faire la pub méritée dans la communauté européenne des pilotes.
On redécolle au plus vite de ce traquenard avec amertume et Avgas.
On monte sur les reliefs, cela tabasse un peu. On contourne une montagne et on est enfin en contact avec l’Aquila.
Un super terrain en dur dans les reliefs. On est accueilli par le gars que j’ai eu par mail, Emanuele, un jeune pilote qui anime la plateforme tout en poursuivant sa formation de professionnel.
L’Aquila a un accueil et un service exceptionnel ; 10€ de parking, chambre double sur place pour 60€ et un repas le soir avec tout ce qu’il faut depuis les antipasti jusqu’à la pasta.
De quoi se reprendre.
Le lendemain, la situation semble un peu compliquée, les reliefs sont un peu accrochés, mais en suivant une vallée, on peut s’extraire et dés qu’on aura rejoint Terni, plus de relief jusqu’à la mer et après on est tiré d’affaire.
Le vol montagne à masse max demande de la concentration (merci Patrice pour les enseignements, rester prés de la paroi pour faire demi tour..) finalement cette partie se passe plutôt bien. En revanche toute la navigation je continue d’avoir un vent de face. J’ai prévu Château Arnoux en déroutement si besoin, il y a une pompe automat Avgas. Et puis gérer un déroutement en France quand on vient d’un si grand périple, c’est un non-évènement.
Il me tarde de repasser en Français après deux semaines et demi d’anglais avec les contrôleurs.
Et là au moment de repasser avec Nice, croyez le ou pas, ma phraseo française est rouillée. J’ai du mal. A force de voler sous plan de vol en anglais, j’oublie les idiomatismes français de présentation et de transmission d’éléments. Tout juste si je ne bafouille pas.
Pas pour des questions de langue mais plutôt de tournure et de façon de faire.
Nice me laisse passer au Nord.
Cela turbule fort sur les montagnes et j’ai bouffé beaucoup de pétrole.
A château Arnoux je décide que ce sera Visan direct, j’ai ce qu’il faut en marge de sécurité pourtant cela fait longtemps qu’on vole, mais on a volé haut et à l’économie.
On pose a Visan par 25kt de vent 30 en rafale on retrouve notre bon vieux Mistral mais nous on s’en fout on a connu le Melteme.
Posé, la famille de Seth l’ami de ma fille Camille nous attend avec une collation dont on a bien besoin !!!
Après mangé sur la table du club, on nettoie JE qui l’a bien mérité. Une fois de plus il nous a emmené loin sans démériter dans des conditions difficiles. Sur les ailes la poussière de corte se mêle aux fleurs de kolchiko, on frotte pour lui refaire une beauté avant de le remettre à sa place de hangar, il va pouvoir raconter l’histoire au Waco de Dan en langage avion….
27H de vol au total sans PA en tenant le manche tout le long, en VFR. Bien sur c’est un peu extrême mais quand on le fait et qu’on le refait, la Corse, c’est dans le tour de piste….
Voyager, ce sentiment de liberté. Aller loin en avion c’est avant tout préparer et plus on va loin moins on improvise.
Presque chaque année un prétexte s’offre à moi pour aller loin. J’ai un certain talent à cultiver le prétexte d’ailleurs. Cette année, mes amis Grecs et Français ont décidé de se donner rendez vous sur une île Grecque. C’est un jeu qu’on pratique. L’accès de l’île en question devient de plus en plus complexe. Cette année ce sera… Skyros.
Dernière île des sporades, c’est une île peu connue en plein milieu de la mer Egée. Il y a un aéroport…. YES !
Mais attention, pour être déjà allé en Grèce, je sais déjà qu’il va falloir sacrément calculer pour y arriver. L’avgas est aussi précieux que le caviar, les horaires des aéroports ressemblent à ceux de la poste en France et les taxes sont telles qu’au lancé de dé si on tombe sur la mauvaise case le chèque ruine les vacances. D’où la préparation.
Je passe les détails de cette préparation, ceux qui seraient intéressés peuvent venir me questionner, je ne suis pas avare de renseignements.
Après débats avec ma famille, on a décidé de privilégier les branches longues plutôt que les arrêts.
On part donc le vendredi avec au programme, Visan (Terminal 2B) – Roma Urbe une branche d’environ 3H45 qu’on fera le matin très tôt pour ne pas avoir trop chaud, suivi de Roma Urbe – Corfou, qui fait aussi 3H45
J’ai prévu une pause assez conséquente à Rome pour faire le plein bien sur mais aussi se reposer, dormir pour que la deuxième branche s’enchaine bien.
Plutôt que de batifoler, j’ai décider de faire au plus court. Bien qu’il y ait beaucoup de survol maritime, c’est aussi au plus simple en ce qui concerne les services de contrôle.
On arrive à Urbe comme prévu avec même un peu d’avance.
Puis on repart. J’ai un peu sous-estimé les montagnes derrière Rome. La chaleur est forte, les perfos merdiques et la contrôleuse de Roma Info, qui veut impérativement un point de report avec une estimée, me pète les rouleaux. Elle ne semble pas connaitre le plus grand sommet derrière Rome. Enfin comme si un mec d’Avignon ne connaissait pas le ventoux. Quand on est enfermé dans ses schéma mentaux parfois. On finit par s’entendre. De toute façon, sans radar avec une vague idée de ma position, elle me sert autant qu’une fourchette pour manger de la soupe.
Dés que j’ai quitté la zone de Rome, les zones sud sont cool à la radio, cela redevient, gentil et prévenant. J’ai déjà traversé cette zone dans une précédente épopée.
Amendola, puis Brindisi info..etc.. ma préparation se déroule bien, même si j’aurais dû mettre un peu plus de points sur mon log. Les contrôleurs acceptent mes reports, comprenant qu’il faut quand même pas trop me taquiner sur la géographie du coin.
On arrive au bout de la botte…. L’adriatique…
Quand on arrive à Corfou, c’est d’abord Othoni une ile juste avant. Ensuite, il faut écouter car il peut y avoir beaucoup beaucoup de trafic. Mais les contrôleurs Grecs sont toujours gentils et prévenant, fidèles à leurs habitudes d’accueil.
Le contrôleur me fait faire un petit 360 d’attente avant de m’intégrer.
Corfou est sans doute une des finales les plus belles avec la fameuse petite église qui fait toutes les cartes postales de Grèce.
Corfou c’est aussi un endroit où un liner se pose toutes les 10 minutes et pour avoir de l’Avgas il faut se faire entendre. J’avais pourtant précisé que j’avais besoin de refueler à l’arrivée, dû à un départ tôt le lendemain pour respecter les procédures de l’aéroport (militaire) de Skyros. Ben a l’arrivée, le camion d’Avgas, de l’autre coté de la piste s’occupait de Dromadair qui tournaient sur un incendie local. Donc on est allé en Taverna, en prévoyant de revenir plus tard pour le plein.
Décidé de ne pas se faire abattre.
De retour à l’aéroport, après un peu de négociation, on fait le plein. Je ne chercherais pas à vous convaincre sur la Grèce et les grecs, je connais le pays presque aussi bien que la France et sans être capable de tenir une conversation, je comprends plutôt pas mal la langue et mon vocabulaire même limité m’a toujours ouvert toutes les portes et les cœurs.
On a le plein, on peut aller se coucher. Demain il faut mettre la manette de gaz dans le tableau de bord à 7H00. Skyros est militaire, on a une autorisation mais ils ferment à 10H. Il y a environ 2H de vol donc faut pas non plus trop déconner, mais si la dame du handling, m’a assuré qu’ils m’attendraient. On verra par la suite que les tensions avec la Turquie font que les 2000 décollent très souvent de Skyros.
Sur cette branche, d’abord sympa les montagnes, et oui le nord de la Grèce la où il y a les fameux Meteor, les montagnes sont hautes et belles
Comme on le voit, je suis très fortement soutenu par mon équipe qui est très présente dans la dynamique du vol.
L’arrivée sur Skyros est simple, après le survol de Skiathos puis Skopélos, le contrôleur m’indique la piste. Je connais bien les iles du coin, elles sont tellement nombreuses que c’est beaucoup plus facile que d’aller en Corse ou dans les Baléares.
Posé Skyros, les roues ont touchés à 9H30. Mon pote nous voit nous poser avec une précision digne de grande compagnie aérienne.
L’ile de Skyros est une île très intéressante. Outre que nous avons bien mangé, bien bu et fait la fête comme il se doit, les plages sont belles. Le nord de l’ile rappelle les sporades, iles vertes et boisées alors que le sud est déjà plus « Cyclades » pelé avec des maisons blanches.
On troque notre fidèle JE on a pris soin de lui enfiler son pyjama contre un nouvel engin méga supra nucléaire dont l’accélération nécessite un short antiG.
Semaine avec les potes qui sont venus de différents endroits, mais tous ont dû prendre le bateau à Kymi, un petit port a 2H au nord d’Athènes.
Les amis toujours important, et puis maintenant on a des gamins partout même si certains d’entre eux ne viennent plus.
J’ai dit au départ, voler en Grèce c’est complexe, en effet Skyros c’est beau mais ce serait encore plus beau s’il y avait de l’avgas. Cela m’oblige donc de faire un petit aller-retour sur Syros dans les Cyclades avec ma copine Mariana… just for fun.
Puis le retour car les vacances il y a une fin….
décollage Skyros au petit matin
Skyros Corfou sans souci, on refait le plein pour Corfou – Roma Urbe on a prévu de passer la soirée a Rome….. Mais le vol VFR c’est le vol VFR.
Alors que je suis sur le début de la botte Italienne, je monte haut pour économiser le carburant. 3H45 de théorie contre 5H dans les réservoirs, sur des longs trajets quand on compte tout (hein Mr Lapierre) il en faut du carburant.
Je montre FL085. Je suis au-dessus de petits cumulus. Et je continue de monter. Mais entre temps les cumulus se sont soudés et ce sont eux qui me contraignent à monter. FL125… cela commence à faire. Je sais que cela sera dégagé sur la cote, mais du coup j’altère ma route vers le sud pour rejoindre plus vite la côte et puis je ne peux plus monter donc mon choix de cap est en fonction des nuages. La directe sur Rome n’est pas confortable. Du coup je me retrouve avec Naples (pas trop prévu) je contacte le monsieur en lui expliquant ma situation. Au-dessus de la couche pas de trous et situation pas confortable. Le contrôleur est sympa. Pas de souci monsieur, je vous ai au radar, liberté de manœuvre si souci je vous le dirais. J’ai une force, je n’ai pas d’ego mal placé je n’ai jamais hésité a dire au contrôleur quand je ne suis pas très à l’aise même avec tout les liners en fréquence.
La couche descend un peu mais toujours sans trou. Cette altération de cap me perturbe sur l’essence. Par ailleurs Corfou m’a laissé poireauter moteur tournant 15 minutes a décompter de mon chrono. Mais malgré tout je passe amplement pour Rome, c’est bon. Je reprends une route plus au nord, Naples me passe avec Roma information. Et là « Bonjour Monsieur, j’ai le regret de vous informer que Roma Urbe vient de fermer, il y a un feu à coté.. »
Zob !
« Je vous propose Ciampino, vous êtes capable de vous poser à Ciampino ? »
J’ai envie de dire au mec, met moi un truc plat en face et je peux me poser n’importe où à Roissy ou sur la plage, du moment que tu ne me fais pas la misère. Entre temps les nuages ont fragmenté et je peux descendre. Un soucis de moins.
« je peux me poser à Ciampino mais, il n’y a pas d’avgas à ma connaissance…. » « je vous rappelle »
« En effet, il n’y a pas d’Avgas…. » « Proposez moi une alternative avec Avgas »
Dans ma tête je leur en veux un peu car j’avais mis en alternate Salerno, au sud de Naples, s’ils me l’avaient dit plus tôt, je me serais dérouté.
« F-GMJE, je vous propose Terni, LIAA, 30NM au nord de Roma Urbe » « Je fais un bilan carburant et je vous rappelle »
Là il ne faut pas se lourder. Mais mon passage au FL125 a permis d’économiser beaucoup. Par ailleurs, le multi-réservoir présente un gros avantage, quand on bascule sur un réservoir plein on sait combien il y a dedans. (Je crois que je n’ai jamais lu une jauge tellement que je ne leur fais pas confiance).
« F-GMJE ok pour terni, redonnez-moi le code OACI » « LIAA »
Je mets le truc dans le GNS….. rien.. bon. Mon épouse réveillée depuis pas mal de temps prend la carte et cherche. Heureusement même dans les turbulences, je maitrise Skydemon. Je sais ou je vais mais j’aimerais un minimum d’info sur le terrain. Skydemon me donne un QFU un QFE et une fréquence…. Sauvé, la piste est en dure de 900m.
Roma info a prévenu terni de mon déroutement et je suis attendu.
Le terrain ressemble un peu a Gap, du para un super resto et une bonne ambiance. Pas de taxe, que de la gentillesse. Tant pis pour Rome, on passera la nuit à Terni.
4H22 au chrono dont 15 minutes d’attente au point d’attente. Mais j’avais encore 1h20 dans un réservoir presque non touché. J’ai remis 106 litres pour un total de 155l dont 5l inutilisables. Bien géré !
Au fait, le tout en anglais bien sur…. Mais j’ai remarqué que la tension m’améliore l’anglais.
La dernière branche…. J’avais décidé de suivre la côte. Arrivé sur Nice, j’avais l’impression d’être à Visan.
Et voila !!!!
Posé, heureux.
22H27 de vol au total. A 140€/H mais divisé par trois personnes en incluant les taxes on est a peu prés à 1200€ / personne. On avait prévu de voyager à 4 ma plus grande s’est désistée. Sans doute plus cher que la ligne… mais…… plus mieux bien !
A force de courir comme dératé, dans la vie on ne prend parfois pas le temps de se poser. En début d’année, j’ai décidé de bloquer une semaine pour un projet qui me gratouille, un voyage VFR au Maroc. J’appelle mon ami Sylvère pour partager l’aventure. Outre la convivialité dans le cockpit, dans ce type d’épopée, le partage des taches permet de bien mieux profiter de l’environnement. Et puis nos moteurs tournent bien avec deux magnétos donc deux pilotes ce n’est pas con.
Un coup de fil, croisement des agendas, la semaine est bloquée. Juin est un mois béni des dieux aéronautiques, surtout si on va au Sud.
Achat de cartes quand elles sont dispo, impression des AIP quand elles ne le sont pas, scotch, pilage, impression des VAC espagnole et Marocaine, petit à petit le voyage se prépare.
La semaine précédent le départ fixé au vendredi est bien chargée. En particulier par l’examen de Navigabilité de notre monture par l’OSAC. En effet, j’ai repris le suivi de nav à ma charge et c’est la première fois que je présente l’avion en mon nom. Homme de dossier assez rigoureux j’ai préparé le sujet depuis longtemps et je vais au rendez-vous convaincu que je vais faire bonne impression. Et là l’inspecteur descelle une anomalie dans le dispositif. Alors que JE vole depuis 600H avec l’hélice la plus courant sur les DR en 160CV c’est-à-dire un pas 64, on découvre que seule la 66 est homologuée sur le DR360… la tuile. A noter quand même que depuis l’avion a eu plusieurs examens de navigabilité et plusieurs prorogations avec cette hélice. A noter aussi que le dernier examen de navigabilité a été effectué par le même inspecteur qui m’explique l’air contrit qu’il va être obligé de clouer l’avion au sol. Réglementation et Romantisme ne partage que la première lettre. Je vois déjà s’effondrer mes rêves de survol de l’Atlas.
Mais Clement qui a bien l’habitude de ces vicissitudes et de leurs absurdités, contacte Technic Aviation qui propose de mesurer l’hélice. Précisant qu’entre les deux modèles les différences sont minimes on peut penser qu’elle pourrait être requalifiée. Un peu abattu, me voilà parti en compagnie de Clement et de son épouse Christelle pour retourner sur Visan…. En camion. L’hélice dans le coffre, Clement l’amène le lendemain au gourou du pitch.
Je suis à un jour du départ et je ne sais toujours pas si je vais pouvoir disposer de l’avion outre qu’en suspend la dépense d’une hélice alors que la mienne est presque neuve ne m’enchante pas.
11H Clement m’appelle, l’hélice est devenue une 66… il suffit de la remonter. On est jeudi et on part le lendemain. Sylvère passera prendre l’avion chez Clement descendra l’avion a Visan et en début d’après-midi on partira. Les affaires reprennent.
L’étape Espagnole m’a demandé une grande réflexion. Nous avons la nécessité de se poser sur un aéroport douanier en sachant que les aéroports Espagnols sont des pièges abusifs au niveau du handling. Il faut donc bien choisir ses options si on ne veut pas voir la surprise amère de payer plus chère de taxe que de pétrole. J’avais lu avec joie que Requena, petite piste proche de Valencia avait des douanes. Ça tombe bien j’ai des amis sur place. Je leur demande de vérifier la disponiblité des fonctionnaires de la barrière. J’apprends que Requena et Castellon de la plana les deux petits terrains accueillent des manifestations aéronautiques et sont réservés aux basés. Grrrr, le mois de juin se doit d’être partagé.
Nous avons donc opté pour un Visan – Perpignan avec Refuel à l’automat puis un Perpigan – Castellon (le gros aéroport) sous plan de vol bien sûr.
Pas top sur Montpellier
Sur la mer un peu de VSV avant Perpignan
Le vol sur Perpignan s’est fait un peu au raz de l’eau sous un plafond. On refuel, on révise la nav suivante dans la cabane de l’automat et c’est parti.
On a prévu un transit côtier en sachant que Barcelone a la fâcheuse tendance à éloigner les petits emmerdeurs sur la mer. On n’aura pas échappé à la règle. Une grande partie du vol en survol maritime aura été chiant comme il se doit avec les démangeaisons des gilets de sauvetage.
On arrive sur Castellon, très belle plateforme dans un très bel environnement, sur un plateau. Castellon fait partie des aéroports construit pendant la bulle immobilière espagnole. Construit et fini il y a quinze ans il n’a vu les premiers avions que récemment.
Au sol personnel très sympa. Mais le jeune homme à l’essence, prévenant nous indique….. Vous savez demain l’aéroport n’ouvre qu’à 15H30 local. ????? glups ! J’avais écrit pour vérifier l’ouverture à l’atterrissage mais sans penser être coincé au décollage. On négocie, on pleure, rien à faire. Oubliez l’auto-information.
Pour des questions de sécurité carburant, nous avions prévu de faire la douane à Murcia. Encore un autre aéroport issu de la bulle immobilière construit a quelques kilomètres d’un autre aéroport international (San Javier). Mais avec un départ 15H30 LT faire la branche de 1H30 sur Murcia la douane et le fuel pour ensuite faire la branche Murica Tanger avant la nuit, cela va être touchy. (A noter que pas de VFR nuit en Espagne ou au Maroc, par ailleurs la nuit aero est à SS+0 min).
On part à 15H30 enfin après un gros hélico qui n’en finit pas de taxier au parking. Arrivée Murcia, Sylvère fonce avec comme mission de payer la taxe et de s’assurer que le plan de vol est bon de mon côté j’explique a l’essencier comment pomper plus vite.
Les pleins sont faits, la prévol aussi…… Pitain Sylvère ne revient pas.. les minutes passent et je compte en permanence dans ma tête l’heure du no go. On est tous les deux enfin tous les trois avec l’avion qualifié nuit, mais on risque de se faire engueuler. Sylère arrive enfin. D’après mes calculs cela passe, bon a ¼ heure prés.
Sylvère s’installe, check, démarrage, ”F-GMJE, good evening” “F-GMJE, your flight plan is cancelled, please contact the ops. Ready to copy phone number ?”
C’est cuit ! on téléphone aux ops après avoir coupé le moteur qui nous explique que les Marocains ont refusé notre plan de vol cause nuit.
Déception…. On trouvera un petit hôtel parfait à 25€ la chambre a côté d’un resto tout aussi bon marché dont la charcuterie était la spécialité. Viser le meilleur, s’attendre au pire et prendre ce qui vient comme dit mon ami Michel.
Le lendemain on n’a jamais été aussi proche du Maroc. Les pleins ont été fait, le plan de vol est passé… Alignement gaz, 2200 tours, badin actif, vous connaissez la suite…
Malaga trouve que les petits machins cela gonfle un peu sur l’écran c’est ainsi qu’on se retrouve au milieu de la méditerranée a 6000ft avec une visi un peu crapoteuse. On avance en ayant l’impression de regarder au travers d’un slip. Puis on voit arriver la presqu’il de Ceuta. Magique l’Europe à droite, l’Afrique a gauche. « FGMJE, leave the frequency, Casablanca 125.5 »… On repasse dans notre langue ! cool. Le contrôleur marocain très prévenant nous demande un point de report IFR. Merci la tablette et skydemon pour le trouver. On fait route a l’ouest et on se pose à Tanger. Victoire.
Ceuta est en vue
Tanger arrive
Les terrains au Maroc sont en fait très simples.
On se pose, on voit arriver la gendarmerie, on présente son passeport, on remplit une petite fiche, on voit arriver la police royale, on présente son passeport on remplit une petite fiche et on peut alors s’activer avec l’essencier. Les procédures administratives pourraient paraitre vraiment pénibles mais la gentillesse des Marocains et leur bienvenu rend les choses pour finir très convivial. Les pompes à essence sont toutes assez diverses et variées, cela va de la motopompe thermique sur une cuve aux futs pompés à la pompe Japy. On pourrait s’angoisser un peu, et en fait, derrière ce côté un peu décalé il règne un vrai professionnalisme. Il y a toujours une jarre en verre pour nous présenter l’essence qui a toujours été bleue, sans particules et sans eau. Nous n’avions pas encore gouté le couscous que JE commençait déjà à s’abreuver localement.
Contrairement à notre plan initial, nous avons décidé de rallier directement FES depuis Tanger sans y dormir.
Donc après avoir attendu un peu longtemps à Tanger, les tampons sur les passeports, les petites fiches et l’essence, on a fait notre première branche Tanger Fes.
Voler au Maroc est à la fois simple et différent. Simple car la radio peut être faite en français. Les espaces sont peu nombreux et ils n’ont pas été atteint de la débilité administrative qui fait qu’en France on a du mal à lire une carte sans lunettes 3D. En revanche, l’absence de radar les amène a sans cesse demander des estimées. Au début c’est déroutant pour pas dire chiant. Puis en fait quand on en prend l’habitude on comprend vite qu’ils demandent un peu toujours la même chose. Les contrôleurs sont très sympas.
Posé a FES, on prend un taxi pour l’hotel Splendid, on verra que le nom est quand très galvaudé mais l’hôtel pas mal il faut reconnaitre que c’est moins vendeur.
Fes est une ville que je n’avais jamais visitée (j’ai eu la chance de faire plusieurs périples au Maroc en moto et par ailleurs, mon travail m’y amène un peu) Fes c’est vraiment une ville intéressante. Après avoir suivi des cap en ligne droite depuis Visan on se retrouve au GPS dans la médina et là ligne droite interdite. On a passé une bonne soirée et une belle journée.
Redécollage pour ouarzazate. Par-dessus l’atlas il faudra monter 11 000 ft, le vol a été magnifique, le désert inquiétant, les oasis, les oueds.
Le dades bande poilue et verte qui irrigue la vie dans un milieu aussi hostile que beau.
On se retrouve vite seuls dans une ambiance petit prince, sauf que si le moteur tousse on sent bien que le renard ne viendra pas nous aider. Plus de contact radio ni radar d’ailleurs. Enfin « in Lycoming we trust »
On chope enfin Ouarzate twr qui nous file les paramètres parmi lesquels « vent calme » pourtant en finale, complètement en crabe je corrige un 12kt plein travers. Je pense que l’info venait de casa et pas de la manche a air. Passeports, fiches, passeport fiches, essence.
Ouarzazate, je connaissais, mais c’est toujours sympa de s’y retrouver c’est une ville de petite taille ou on laisse le touriste déambuler. On loue une voiture pour aller faire les gorges du dades du sol. Le soir on trouve un Hammam, un chouette avec un gros masseur dans le regard duquel on lit « toi, je vais te casser en deux » après du grattage énergique avec un outil a côté duquel le papier de verre a la douceur du coton nous sommes allés manger, la peau rabotée comme des planches de chez Ikea.
Deux nuits a Ouarzazate dans une sorte de pension pour routards où nous rencontrons sacs à dos et motards. Finalement tous comprennent que l’aviation légère a sa place dans cette grande famille pour qui voyager c’est se déplacer et non pas arriver. Sans doute notre air un peu branquignole les fait sourire.
Après la visite d’une Kasbah classée par l’Unesco, on s’envole à nouveau. Destination : Agadir. Après des traversés de montagne on se retrouve au-dessus de terres agricoles à l’irrigation. Posé Agadir, nous serons alors hébergé par ma belle-famille. Et oui, j’ai un beau frère Vice-Consul à Agadir, cela pète non ? deux jours très chouette à Agadir ou on partagera un peu leur vie de la fête de l’ecole des enfants au petit concert super sympa au consulat.
Agadir, c’est le seul moment au Maroc ou on a bu de l’alcool. Suffisamment important pour le souligner. On a aussi mangé notre premier couscous et oui le vendredi c’est couscous.
Agadir n’est pas la ville la plus charmante du Maroc mais on a eu l’occasion de se baigner dans une mer aux très forts courants.
Samedi l’heure est à la remontée.
On décide de viser Tetouan au lieu de Tanger. Cela ne change pas grand-chose. L’aéroport est plus petit mais ils sont tous équipés pareil. Dépôt de plan de vol pour Agadir – Tetouan et dépôt aussi du plan de vol Tetouan – Requena. Mon ami Vicente qui habite Valencia et qui nous a raté à l’aller (il a dû mandater son frère Manuel pour nous accueillir) nous attend de pied ferme.
La branche Agadir Tetouan a été très différente mais très belle aussi. Nous avons survolé les zones agricoles très impressionnantes notamment à l’est de Casa.
Posé Tetouan, le classique Gendarme arrive mais avec son petit garçon qui parle sans cesse en arabe pour demander à monter dans l’avion.
On fait les formalités, passeport fiches, passeport fiches mais la nos passeports seront tamponnés au moment du départ pour indiquer la date de sortie pour le visa.
Arrivé dans la tour pour payer la taxe, on apprend que le plan de vol sur Requéna est refusé. Bon. Un peu agacé car sur la carte VAC non officiel Requena a un service de douane, mais pas trop surpris car les petits aerodrome en Espagne ne sont pas dans les AIP. (attention Requena c’est quand même 1.2 km en dur avec tout ce qu’il faut dont une ecole de pilote pro).
Super rapidement, je contacte a nouveau le handling à Murcia (il faut dire que 40€ de handling et 10.5€ de taxe c’est de très très loin l’aéroport officiel le moins cher de la côte espagnole). Mais on est en début d’après midi et la aussi il ne faudra pas trainer et ne pas tomber sur un douanier à la Fernand Raynaud sinon on est mort.
On s’envole à nouveau. Sur la côte on croisera au retour avec une meilleure visibilité les serres d’Almeria. Il parait que c’est la seule construction humaine européenne visible de l’espace, je veux bien le croire. Toute la surface du cap et de la ville en est couverte. Cela donne un aspect blanc neige.
Posé a Murcia, on se dépêche leur système informatique est toujours aussi lent et foireux malgré la bonne volonté du personnel. Sylvère est resté à l’avion où les douaniers viennent voir si on n’a pas ramené un pain de cannabis. De ce côté tout va assez vite. Et on peut repartir pour 1H de vol pour Requena.
Posé Réquena mes amis Vicente et Yolanda nous accueillent. On park l’avion. On a super faim, on a juste bouffe quelques biscuits dans le cockpit. Mais j’ai assigné une mission a Vicente il me faut deux Jambons. Un pour moi et un pour Clement sans qui finalement le voyage aurait avorté.
On file donc chez Auchan ou le rayon jambon est incroyable (j’ai déjà pratiqué) on dirait des gamins à toys r us. Nos deux jambons achetés (attention à la masse et centrage) on va manger dans un bon resto de viande où on se lâche un peu beaucoup.
Le lendemain, préparation, plan de vol et c’est parti. On décide de faire le plein à Bézier avec perpignan en alternate.
Sylvère choisit une route à l’ouest dans les terres plutôt que le transit côtier le long duquel on sait que Barcelonne va nous envoyer au large pour un vol super ennuyeux. Très bon choix on a fait un vol très beau dans des paysages superbes. De plus un petit 10kt plein arrière nous faisait une GS vers 125kt…. Cool.
On passe la frontière, et on calcul qu’on peut aller jusqu’à Visan avec les marges de sécurité carburant. Chouette !
On contacte Montpellier. Revenir dans sa langue et ses usages après un si long périple est très confortable.
Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage pour dans sa langue recontacter le contrôleur, ainsi profiter des connaissances et des usages, et voler localement dans le bonheur.
Bref, je négocie avec le contrôleur notre clôture de plan de vol et un retour sur Visan. Mais a priori je tombe sur un contrôleur qui connait mal la géopolitique m’annonçant que pour des raisons de douanes, en vol transfrontalier, je suis contraint de me poser sur le terrain déclaré ou l’alternate. Je réponds, diplomate qu’en venant d’Espagne, espace Schengen d’une part et communauté européenne d’autre part, la douane n’a rien a faire dans nos gamelles. Libre circulation des personnes (nos deux pommes) et des biens (les deux jambons). Pour ne pas ôter de la lisibilité à la négociation, je n’ai pas parlé des jambons.
Devant l’insistance du monsieur qui déclare appliquer le règlement, nous obtempérons bien décidés à négocier la clôture du plan sans posé avec Bézier. On descend dans la CTR et on demande a faire une remise de gaz pour clôturer le plan de vol suivi d’un CAP sur Visan. Le gars est d’accord. Cela se soldera par une simple verticale terrain.
Sortie de CTR, nous voilà contraints de voler au raz des pâquerettes pour ne pas repasser avec Montpellier. Ambiance Barry Seal avec deux jambons comme cargaison (coté illicite y a mieux).
Arrivé Visan posé et nettoyage. Le terrain est toujours là.
25 hdv de vol a deux. En dehors des heures environ 1000€ de dépenses pour les hotels, les resto et la voiture de loc. (il faut dire qu’on a souvent été accueilli par des amis et que le Maroc n’est vraiment pas cher).
Que du bonheur. C’est accessible. L’étranger n’est pas si compliqué qu’il n’y parait. Un niveau 4 en anglais est accessible pour le reste de la préparation et de l’envie.
Tel des bédouins, nous avons fait un grand voyage déclenchant l’admiration par notre détermination et la pitié par notre modeste équipage mais mon fidèle JE a encore une fois prouvé sa bravoure.
Week-end à Calvi épouse, couple d’amis. Location de motos sur place. Seule chose nouvelle : cette années on a emmené les meufs.
Pas bon pour la masse et centrage. Mais mon petit DR360 est une bonne bête de somme, il offre peu de place dans le cockpit, mais en contre partie il ne vous laisse pas en rade sur le vario. Sur les motos même constat nos 660XT si joueuses habituellement sont plus….
Enfin dans le désert des agriates on s’est fait déposé par plusieurs bécanes et là, seule la sagesse peut panser les plaies de l’ego. Plus les épouses qui tapent sur le casque si ça penche trop. On a la vie dure.
De retour, je vois bien qu’il aura des formations orageuses. Je croise toutes les météo possibles et je connais un paquet de sites et autres applis.
Par précaution, car la femme de mon pote a peur, on part une heure avant l’indication du ppr. Je vise un vol facile et agréable (la suite montrera que c’est raté)
Le départ de Calvi est toujours d’une beauté extravagante, le vol VFR dans la splendeur contemplative, essence même de ce qui nous anime.
La traversée maritime est comme d’habitude….. chiante. Mais là avec le côté bleu sur bleu qui amène à travailler les instruments.
Merci Patrice pour les leçons de VSV, mises aussitôt en pratique.
Rien de bien compliqué, on a passé un week-end top en moto sur des route exceptionnelles. Je peux quand même me concentrer 50 minutes sur les aiguilles (et oui pas de PA, par choix un peu, surtout le choix de celui qui ne connaît pas, par moyen aussi, et parce que j’aime mon avion comme il est).
Terre ! Terre ! …. heu…. nuages aussi quand même.
J’avais annoncé à mes gentils passager le transit côtier, j’avais d’ailleurs calculé le truc car c’était une bonne option basse hauteur.
Mais alors que je faisais comme à la parade ET-ST-… jusqu’à WT. Je voyais bien que sur le pays, c’était nuage et orage plus loin. Bref bien moins bon que mes prévisions.
Sur WT je décide de poursuivre au nord, en montant. Perso je réfléchi mieux on top avec deux réservoir pleins. Je poursuis en contact avec le contrôleur qui m’aide à obtenir des infos meteo. Infos que j’ai d’ailleurs en direct d’un hélico du SAMU qui semble avoir essuyé un orage monstre sur le Ventoux.
Pas de bol, c’est la que je vais, je suis basé à l’aéroport international de Valreas Visan.
Bon je poursuis ma route à l’ouest, mon but c’est intercepter le Rhône très au sud de l’orage.
En fréquence, un VFR semble en difficulté. Il confond complètement ses caps. Le contrôleur l’aide. Il passe IMC. Merde !
La tension monte, dans le cockpit, sur la fréquence, dans ma tête en tout cas.
Le contrôleur fait le job. Lui rappelle les réflexes du VSV, lui donne des caps, des altitudes.
Il est présent le mec, il est concerné, il va le sortir de la.
Je n’en sais pas plus. Sous mes ailes du broken mais en dessous la Durance est dégagée je l’annonce on contrôleur qui, dans ses conseils, lui dit de suivre la rivière.
De mon côté, je m’approche d’Avignon. Je me mets en descente , pour tenter un basse hauteur sous la couche sur le Rhône.
Mais l’enclume plate qui m’attend sent trop le piège. Je décide, on va se poser. J’ai une règle perso, elle vaut ce qu’elle vaut. Quand tu as pris une décision périlleuse, la deuxième doit être sécuritaire.
Or le on top en direct de la crasse, c’était la première. Donc on ne passera pas sous la couche à Avignon.
On pose à Nîmes qui est dégagé. On reste 2 heures, dans un terminal plein de passagers Ryan air pour le Maroc. Le prévisionniste météo France m’a conforté dans l’attente. Et un coup de fil à Patrice qui regarde par la fenêtre me rassure. (Il me dira après coup qu’en fait il était au cinoche, c’est pour ça qu’il chuchotait et qu’il avait aucune idée de la météo, comme dit mon pote motard, le mouillé c’est dans la tête)
On repart et on pose à Visan, presque tranquille.
Je ne veux pas faire un retour d’expérience, ce n’est le but de ce petit texte. Mais saluer nos contrôleurs.
Ils sont professionnels parmi des professionnels dans un monde de professionnels. Mais parce qu’un petit avion VFR qui n’aurait jamais dû être là exprime son besoin de liberté, une passion ludique, on sent une confrontation entre le monde de la nécessité et du besoin et celui de la futilité et du loisir.
Pourtant le contrôleur et là, à côté, comme le type qui prend soin de l’oiseau qui s’est pété la gueule et qui veut repartir. Alors que s’il crève au bord du chemin, cela ne changera pas la face du monde.
Alors messieurs et mesdames (car sans faire de statistiques j’ai l’impression que ce n’est pas le pire job question parité) un gros MERCI.
Merci pour le soin que vous prenez, de petits pilotes comme moi, qui cherchent juste à s’émerveiller en l’air, qui butinent, babillent et parfois se retrouvent dans de grosses situations à la con.
MERCI pour votre prévenance, votre aide sans poser de questions
(et ben comment t es assez con pour t être foutu la ? Tu pouvais pas rester devant la télé comme tout le monde ? Ça te fait plaisir de te dire que tu vas finir comme une merde en faisant un cratère dans la planète ?)
J’ose espérer que j’entendrai pas de mauvaise nouvelle d’un avion près du Lubéron sur la Durance, qui s’est retrouvé IMC 2000ft en direction du relief.
Mais son ange gardien avait viré tous les avions de la fréquence pour ne s’occuper que de lui. Je suis sur qu’il a réussit à refaire partir le petit oiseau.
Nous sommes sans doute le seul aéro-club à avoir un président à salopette.
Vous noterez que j’emploie le présent car c’est un titre à vie (d’ailleurs le concernant la salopette aussi).
Le milieu aéronautique est un milieu essentiellement masculin où les comparaisons de longueur d’appendice sont légion. Le sérieux de la discipline impose une certaine gravité qui amène souvent chacun à avoir une idée sur tout et, beaucoup plus important, de le faire savoir aux autres pour se positionner dans la communauté.
Nous nous avons un président à salopette.
Dans ce milieu sérieux, millimétré, précis on compare ses qualifications. C’est à celui qui exhibe le plus d’acronymes, ATPL, LAPL, (avec le BB on sent que le mec qui a le BB… il ne fait pas très sérieux je propose à minima BBL). Quand les qualifications n’en imposent pas suffisamment, on annonce son nombre d’heures de vol, pas de but en blanc car on est malin, il faut le placer dans la conversation, par exemple « oui, je connais un peu, j’ai 2500 Heures sur Fennec Agile ». Bref un monde où tout se mesure (pas seulement l’appendice).
Nous nous avons un président à salopette.
Dans ce milieu où la réglementation impose des zones A, B, C, D, E, F, G puis R, P, D et encore AZBA avec des planchers, des plafonds, des fréquences, des obligations, des recommandations, des interdictions, on risque des sanctions. Là où le transpondeur informe le contrôleur que la trajectoire est bien celle annoncée, prévue, déclarée, négociée. Les altitudes sont stabilisées. Information Charly copiée.
Nous nous avons un président en salopette.
En fait dans ce milieu aéronautique tous les clubs devraient avoir leur président à salopette.
Parce qu’il est important d’expliquer qu’on peut être rigoureux en aimant la fantaisie, parce qu’on peut être sérieux sans se prendre au sérieux et que rester léger, permet de hisser les plus lourds.
Alors merci monsieur notre président en salopette, j’ai pris plaisir à œuvrer sous ta mandature et je suis convaincu que si tu as une salopette c’est sans doute pour cacher un appendice bien plus long que celui des autres présidents.
(jean luc… le sarouel pourrait permettre une certaine continuité)
mon activité professionnelle me prend beaucoup de temps mais m’offre souvent de beau moments.
Je suis retourné à Madagascar et après être tombé en panne en skyranger pour une durite dont le point de fusion était inférieur à celle du pot d’échappement, me voilà de retour sur la grande ilé.
Nous étions un peu plus nombreux il fallait donc un outil permettant de transporter 6 personnes. Un CESSNA 206. 260CV 6 cylindre turbo.
Un avion très bien équipé et très propre
Bref les paysages sont magnifiques et la nature en plein printemps vous pète à la gueule
Ici le poivre sèche à même le sol avant d’aller se faire décortiquer
Les bananes murissent paisiblement
le café aussi
Parmi tout les produits qu’on traite, la muscade est importante celle de mada est particulièrement grasse et en cuisine c’est le top.
Aprés avoir parcouru de nombreuse plantations de girofle, cannelle, café, muscade, Ylang, on rentre à Mananjary par le fleuve, c’est beaucoup mieux que de se péter la colonne à coup de 4X4.
Dans l’entreprise on a aussi des pépinières pour maintenir l’équilibre.
une photo de l’or noir (600USD le kilo dans un pays ou le salaire normal est à 20€/mois… cela implique une organisation particulière)
A mada même les petits se prennent pour des avions de ligne du coup l’observation au raz des collines on oublie. Heureusement qu’il y le skyranger pour longer les plages.
En base à Tana.
Au retour, à l’aeroport de Tana, delestage. plus d’electricité. Enregistrement du 777 à la main et au crayon. Ben on devait decoller à 1H30 du mat, il a mis les gaz à 4H45… l’Afrique quoi.
Bref si la peste et le palu ne vous effraie pas, allez y
Je souhaite vous informer que je ne me représenterai pas lors de la prochaine mandature. J’ai été content de mettre en place de nombreux outils de gestion et d’apporter au club une certaine rigueur de gestion qui me tient à cœur.
J’ai fait partie de l’équipe motivée pour redynamiser le club. Pour mettre mes actes en cohérence avec mes paroles, j’ai accepté la fonction de trésorier (c’est souvent le truc que personne ne veut… vous avez déjà vu a l’élection d’un bureau un mec qui dit : « moi, moi, je veux être trésorier » ?). Au vu de ma vie professionnelle, familiale, aéronautique (et même sportive, si, si), je suis obligé de constater que j’ai sans doute eu les yeux plus gros que le ventre, même si j’ai essayé d’être à la hauteur… (Assiette, Puissance)
En 2016 le changement d’outil informatique avec le passage sur openflyers pour l’ensemble de la gestion, le nettoyage des vieux comptes pilotes (et non pas des vieux con de pilotes), la participation à la rédaction des nouveaux statuts et RI et la rénovation du KE en plus de la gestion courante m’ont pris beaucoup plus de temps qu’imaginé au départ (200H tout bout à bout). Mais je m’étais engagé non pas sur un temps de travail mais sur une mission à aboutir. Corneille n’a jamais été dans l’associatif « Nous partîmes 500 et par un prompt renfort nous fûmes 5 arrivés au fort… » et là Le Cid et ses potes aussi auraient eu l’air un peu bêtes.
En 2017, j’ai accepté de poursuivre pour stabiliser les outils de gestion mis en place et finir certaines choses qui me tenaient à cœur (paiement par carte bleue, travail sur le dossier carburant…etc.) C’est fait. La gestion en est d’ailleurs amplement facilitée… pour le trésorier.
Les outils de gestion sont maintenant modernes et efficaces sans parler de la qualité des outils de communication que Jean louis a mis en place. Le fonctionnement est devenu mature.
Par ailleurs, les décisions du club concernent majoritairement et souvent les machines du club. La fédération n’a pas manquée tout au long de notre mandature, comme certains pilotes d’ailleurs de reprocher que la destinée du club était conduite par des pilotes propriétaires. Si au vu de l’engagement et de l’abnégation, c’est parfois, je dois l’avouer, assez agaçant de s’entendre reprocher d’être propriétaire alors qu’on œuvre dans l’intérêt collectif, gérant des ressources engagés quasi exclusivement sur les avions club. Mais passant outre ces positions qui n’ont souvent pour seul but la zizanie sclérosante, il faut reconnaitre que la gestion serait plus cohérente si les pilotes volants sur les machines prenaient les décisions et occupaient les fonctions inhérentes le tout bien sur avec l’engagement correspondant nécessaire.
A l’horizon de l’élection de la prochaine équipe, je me fixe comme objectifs personnels les suivants :
– Vendre le matériel avionique dont le club est doté et qui serait mieux sur les comptes, on peut récupérer quelques milliers d’euros.
– Mettre propre le plan de compte avec le cabinet comptable (c’est actuellement un peu le bazar on côtoie des lignes redondantes)
– Rédiger un manuel complet de gestion pour que le passage de témoin se fasse sans dégradation de qualité (même si une transmission dans la communication sera la clef). J’essaierai qu’il soit clair.
Je suis confiant, outre la gestion sur laquelle j’ai plus particulièrement été acteur et parfois un peu en jouant les pères fouettards (et non on ne peut pas ouvrir un supermarché sur la plateforme pour vendre de l’alcool, de l’essence et des cigarettes, désolé les gars même si cela serait fun), la communication au travers des comptes rendus d’activité et du site internet a été un succès. Le site internet est en train de devenir un outil majeur sur lesquels on peut demander un baptême en ligne ou même s’inscrire (bravo Jean Louis, proche du domaine, je vois bien les heures de boulot derrière).
Par ailleurs plutôt que de péter les avions du club avec le blouson topgun plein d’écussons que votre femme vous a offert, vous pouvez utiliser le simulateur, Amédée, Ago et le trésorier vous en remercieront.
Les repas et les différentes journées où la convivialité a été au cœur montrent que l’animation a porté ses fruits. Merci Françoise pour la dynamique de nettoyage du club house avec le sourire. Merci aussi Julie, que mon emploi du temps ne m’a pas encore donné l’occasion de croiser, c’est dire.
Enfin l’organisation de permanence a permis un accueil systématique des curieux et des passionnés (plus rarement des emmerdeurs qui préfèrent le téléphone), pas facile à mettre en place ces permanences il aura fallu la forte implication de Jacques pour amener les membres à donner un peu de leur temps pour souvent en revenir ravis. Les spectacles privés gratuits sponsorisés par la charmante Mélanie nous ont aussi aidés et le téléphone des grincheux s’est heurté à la violente gentillesse de Jean-Luc…. Pas de bol. Alors d’abord c’est pas tout le weekend, Monsieur, c’est 2 fois 10 min, c’est-à-dire presque la durée de cette intéressante conversation, … , Au plaisir Monsieur. Le talent quoi.
Il bien évident que je continuerai à participer à l’ensemble de ses activités et que mes compétences openflyers seront toujours à la disposition du club, certains d’entre vous auront toujours la possibilité de faire des bourdes dessus. Alors j’ai oublié mon USER et mon mot de passe pourtant je l’avais écrit sur le chien, mais il s’est sauvé du coup je suis bien embêté, tu pourrais m’aider ? Ok comment s’appelle ton chien ? cela te va comme Mot de Passe ?
L’objet de cette annonce sur un ton humoristique est de donner à chacun l’opportunité de réfléchir et de se positionner pour la suite. Pour pouvoir construire, c’est important d’anticiper.
Et souvenez-vous de Pierre de Coubertin : « l’important c’est de partir pisser » où un truc comme ça, enfin chacun trouvera.
En souhaitant à chacun de très beaux vols au départ de LFNV.
Un ami passionné mais non pilote et moi même avions planifié une visite du salon du Bourget… en avion.
pas con comme concept.
N’ayant pris que peu de photos, gardant pour moi l’émerveillement du truc, je compense par un récit plus détaillé.
L’aller tout d’abord, je devais laisser ma plus jeune fille (celle qui, dès qu’elle monte dans l’avion, arrivent les turbulences) à Vichy… Mais un Notam indiquait Vichy fermé pour une semaine. C’est ballot. Du coup ce sera Lapalisse. Bien que la saison nous donne une marge de manœuvre plus importante qu’en hiver, je prépare tout bien et je demeure un peu inquiet du plafond indiqué BKN Loc OVC (dans la série qui ne veux rien dire… de 4 à 8 Octa). Sinon la température, il fera de -5° à 35°C…
Bon j’ai un plan pour l’Auvergne à 4000 ft mais si le Forez est accroché je suis fait…
J’approche de Saint Chamond et je n’aime pas ce que je vois, je veux passer on Top pour prendre le temps de réfléchir tranquille, mais les trous ne sont pas assez gros… et puis le Metar de Clermont indique clairement un OVC qui me condamnerait à errer sous le ciel bleu.
J’annonce au contrôle que je redescends et que je poursuit avec Clermont et prépare l’option de déroutement sur Feurs ou Saint Etienne. Pas marrant le début de cette aventure…
Je demande à Clermont si le Forez est accroché. Il l’est. Mais le gentil contrôleur me conseille,
-« je vous suggère de poursuivre par le nord ».
Il a raison l’animal, je vais à Lapalisse, je peux y arriver sans passer le Forez. Cool on arrive à Lapalisse où un thermos de café nous attend.
On repart pour Meaux. Le plafond est à 3000 ft mais de toute façon passé l’Auvergne, la France est plate comme ma main. Et à l’arrivée la Classe A nous attend avec sa contrainte de voler très bas.
On se pose à Meaux. Pour l’anecdote si Meaux est en herbe… l’analogie avec Visan s’arrête là. J’ai pris l’ATIS, puis contact avec l’AFIS qui m’indique être n°4. Comme tout le monde est très bas, c’est un peu la guerre. Entre l’évitement des villes et la classe A sur la casquette, il faut rester concentré.
A Meaux, un ami avec qui j’ai uniquement échangé sur le forum des pilotes privés, vient nous accueillir pour nous jeter dans le RER.
A nous le salon !
Perso, je ne suis jamais allé au Bourget… Ben j’ai aimé. Les démos sont supers. Les avions en statique, le musée de l’air et de l’espace…
On a passé le samedi après midi et le dimanche… on s’est régalé.
Sinon j’ai acheté deux machins pour mettre au bout des ailes, à monter avec des rivets pop. Depuis le contrôle aérien m’appelle « Monsieur » et me laisse transiter où je veux. Comme quoi avec un bon équipement…..
Le retour a été une partie de bonheur… Un peu SCT pour jouer avec des petits coussins de Cu. Meaux – Visan 2H46 posé 21H15 sous une lumière toute provençale.
Outre le RER et le métro qui sentent la pisse, je recommande très vivement l’aventure….
Il y a quelques temps j’ai lu un article intéressant dans les cahiers du RSA. Pour ceux qui ne connaissent pas le RSA c’est la fédération des constructeurs amateurs. Ce que je ne suis pas. Je n’ai ni la patience ni le temps. Mais comme mon brave JE a plus de 30 ans dans le cadre du RSA il peut bénéficier d’une assurance avantageuse.
Voilà comment moi qui n’a du temps pour rien je suis abonné au cahier du RSA.
En feuilletant ce magazine où les spécialistes passionnés s’affrontent prenant Bernoulli à témoin je tombe sur un article qui explique comment entretenir son avion et surtout le polisher.
Cette idée me trottait dans la tête pour obtenir un meilleur état de surface et sans aucune prétention sur l’amélioration de la finesse (l’avion manque moins de finesse que son pilote) j’y voyais l’avantage du nettoyage facilité en été.
Après avoir investi dans les produits et l’équipement nécessaire, j’ai profité des vacances de ma famille pour faire 3 nocturnes dans le H4.
Trois étapes :
Décontamination avec une clay et un produit d’extraction.
Il s’agit d’une espèce de morceau de pate à modeler argileuse qu’on frotte sur la surface avec un produit gras qui sert de media d’extraction.
Premier constant, si le geste n’est au départ pas naturel, le resultat est probant, la surface est parfaitement propre et dépourvue de gras en surface. C’est un VRAI nettoyage en profondeur.
Polish avec une polisseuse rotative.
Il faut employer un pad, un disque de mousse sur lequel on met un polish plus ou moins gros. Deux passages peuvent nécéssaires en allant du plus gros grain de polish au plus fin.
J’ai remarqué, qu’il est mieux d’avoir un disque souple mais de maintenir une pression.
Cire
Après avoir nettoyé avec une microfibre pour enlever l’excès de polish, j’ai appliqué la cire. Petit chiffon, deux doigts et un petit pot qui ressemble à la crème de madame. Il faut de la patience.
A la fin on utilise un disque en laine sur la polisseuse.
Au total 3 nocturnes de 3H mais le résultat est top. Les moustiques font des chorégraphies de Holiday on ice. L’avion reste propre et brillant.
Autre gros gros point sympa, j’ai ciré toute la verrière de la même façon, le résultat est éclatant (toujours pour les moustiques).
Bref une expérience sympa où encore l’huile de coude apporte de bons résultats.
Pour finir, une blagounette :
« quelle est la dernière chose qui passe par la tête d’une mouche qui s’écrase sur votre verrière ? »
Mon activité professionnelle m’amène a parfois parcourir des pays exotiques. Récemment, il a fallu que je ressorte les tee-shirts et les pantalons légers pour partir à Madagascar.
Sorti de l’A340, il faut passer la douane, se faire faire le Visa et reprendre l’habitude d’un pays où la corruption est un art de vivre, où le billet glissé dans la main est une accolade qui donne droit aux lignes VIP.
Sorti de l’aéroport, éloignés les pénibles qui vous proposeraient de vous porter une valise même si vous en aviez pas, je me retrouve enfin dans le mini bus de transfert vers l’hôtel. On est à Tana, la capitale. Un endroit où on peut encore obtenir, en payant le prix, le luxe de l’eau et de l’électricité.
Tana est une étape, le rendez est à Manajary chez mon ami Alexandre dans son unité de distillation et d’extraction de matières premières aromatiques.
Le choix : soit 12H de 4X4 à se faire démonter le squelette, soit 1H30 de PA28, le choix est vite fait. J’ai déjà testé l’option, le pilote est bon, même si le respect des règles du VFR est un peu écorné, je suis en parfaite confiance.
J’arrive donc et me hisse dans le PA28 en place arrière car deux pilotes (Eli et Alpha) prendront les commandes. Heureusement, je constate qu’en cas d’urgence un plan indique l’issue de secours.
Les particularités aéronautiques de Madagascar :
Il faut déposer un plan de vol systématiquement pour tout. Il n’y a ni radar ni transpondeur. La radio se fait en anglais à Tana, en Français ailleurs et en Malgache avec votre pote de toute façon cela grésille tant que la langue n’est pas le problème majeur.
Tana est à 4200ft il faut mieux le prendre en compte surtout quand il fait 26°C.
Nous partons, on quitte le plateau et on passe au-dessus du BKN pour rejoindre un niveau FL105. Cela ne bouge pas trop pourtant les gros Cu joufflus sont bien présents. Il est très difficile de voler l’après-midi, on est sous les tropiques et les orages ne sont pas là pour rigoler.
On se pose à Manajary. La piste est déserte comme d’habitude, il n’y a presque plus de trafic intérieur à Mada.
Alexandre nous attends. Un des pilotes est son instructeur ULM, il va se refaire une séance de mania pour se tenir à niveau. Je le regarde faire assis au bord de la piste.
On passera deux jours à travailler a Manajary et aussi à partager de bons moments.
un peu de VANILLE… pas encore mûre
La distillerie Chez Alex !
Le weekend arrive et on a prévu d’aller un peu plus au sud. Une équipe en 4X4, Alex et moi en ULM. Le Skyranger a une fenêtre qui autorise le passage de l’objectif de l’appareil. Quand aux hauteurs de survol, inutile de couper le transpondeur… il n’y en a pas.
La lourdeur administrative d’un vol est en complet décalage avec l’état du pays, comme si, même au milieu d’une pauvreté crasse, il faut donner le change. C’est ainsi qu’il faut une clearance de l’état et un plan de vol… Personnellement, je serais assez curieux de voir avec quoi ils envisageraient l’interception, des cerfs-volants peut-être…..
Nous voilà alignés avec le contact tour (le contrôleur vient que quand il se passe un truc, c’est l’avantage du plan de vol, il fait l’information trafic sur une plateforme où il y a un mouvement par mois..).
Gaz, rotation…. Elle marche bien cette petite mobylette et, si au départ les rotax et leur régime élevés m’ont toujours un peu fait frémir, je dois reconnaitre que je suis vite séduit par la machine. Piloter : non… j’ai l’appareil photo dans les mains et les yeux grands ouverts…
On quitte la fréquence de Mananjary pour passer avec Tana info. A noter qu’on passe d’une fréquence à l’autre sans demander l’avis du contrôleur. De toute façon il se sait pas où vous êtes il vous donne à peu près l’information de tous les trafics de l’ile (qui est presque aussi grande que la France).
On suit la cote, les villages défilent sous nos fesses, c’est superbe, je mitraille. Alex passe avec Manakar notre terrain de destination. Impossible de les avoir. On est bas, c’est logique. Malgré tout après insistance toujours rien.
On est au milieu de nulle part, on ne risque pas de croiser un truc. Je lui dis, on passe sur la piste on observe et on pose.
Ce qu’on fait. Le tour de piste est magnifique. Sur la piste, presque rien : une camionnette et un mec qui gesticule. On se met en finale, la camionnette s’est tirée et le mec aussi.
On pose. Le contrôleur vient à notre rencontre. On lui exprime notre étonnement de ne pas avoir pu le contacter. « Normal la Jirama (c’est l’edf local) nous a coupé l’électricité… Délestage Monsieur »… Il doit bien y avoir un groupe de secours ? Oui mais plus gasoil…
Le 4X4 qui a fait ses 3H de piste au lieu de nos 40 minutes de vol nous attend, bananes posées sur le tableau de bord et on part manger.
On passera un weekend fantastique, dans des endroits superbes. Pour conserver l’esprit travail on visitera quelques distilleries de brousse. On mangera de la langouste, du poisson, du Zébu. On finira la soirée, dans un état peu aéronautique, dans un Karaoké de brousse où Alex chantera en Malgache… Enfin son malgache à lui. (j’ai gardé des vidéos qui m’assurent son silence sur mes propres débordements).
Dimanche après-midi, on repart, le Sky nous attend la météo est top, il me tarde d’être en l’air. Lors de la prévol, Alexandre détecte du gras du le pot. On décapote pour constater une petite fuite de liquide.
La durite de refroidissement semble s’être consumée sur le pot. Etonnant ? Pas vraiment. Madagascar dans sa frénésie réglementaire traite les ULM comme les avions. Donc, outre que les pilotes sont condamnés à un médical aéronautique, ils doivent aussi passer en atelier agréé. Or il y a moins de 10 ULM sur toutes l’ile. Les ateliers en question n’ont aucune compétence.
Lors de la dernière visite qui consistait à changer les silentblocs (ils appliquent la doc à la lettre) ils ont remonté le tout un peu vite et les durites touchaient le pot dans tous les sens).
On fait un essai moteur en route, le geyser nous dissuade de tout retour sur Mananjary. Alex appelle son partenaire local pour trouver de la durite…. Et là commence L’aventure malgache.
Un gars arrive avec des morceaux de durites, vieux et pourris… je pensais très naïvement que c’était pour prendre le modèle, s’assurer du diamètre… Que neni… C’est pour monter dessus !
filtration du liquide restant avec mouchoir et bouteille en plastique
Ahhhh là on passe aux choses sérieuses, on passe la fin d’après-midi, manchonnant d’un côté avec un tube de l’autre avec la durite, essayant toutes les possibilités. Heureusement, notre pote Serge, en weekend avec nous soudeur de son état, est bien plus appliqué que ses concitoyens et puis sans doute qu’il n’a pas envie non plus de nous voir piquer dans la Mer.. (Au fait j’ai oublié de vous dire, y a des requins.. l’absence de gilet n’est pas le point le plus inquiétant).
Bon an mal an, on prend une nuit de plus à Manakar. Alex habitué aux situations où il faut réagir rapidement, téléphone au pilote du PA28 qui au lieu de venir nous chercher à Manajary viendra à Manakar.
Petit intermède pour décrire la piste pendant que manchonnent mes camardes motivés.
Une piste de 2 kms en dur large de 50 m qui vous ferait rêver mes amis, mais l’usage est multiple.
La ballade en famille avec les enfants et les chiens est sans doute l’utilisation la plus partagée. Mais dû a sa largeur cela permet d’autre activité. L’étude chronométrée de la vitesse maximum du deux-roues merdique chinois est une autre activité qu’on peut sans doute assimiler à une étude scientifique (l’étude est conduite jusqu’à surchauffe du moteur qui s’exprime alors par une fumée bleue). Mais l’usage ne se limite pas à ça.. je vois surgir du fond de la piste un camion, plein pot, tirant derrière lui un pickup qui a décidé de ne pas démarrer.
Comme quoi nous, qui cherchons à relancer l’activité de notre plateforme, sommes bien peu créatifs et un stage à Mada permet de revenir plein d’idées.
Entre temps la fuite est résolue, le départ est prévu Lundi matin. Le PA28 passera nous récupérer. Il fera un touch a Manajary pour qu’on récupère nos affaires puis cela sera Tana.
Alex fait un complément… Si ça fuit vaux mieux avoir le plein… pas con les Vazahs (Vazah = homme blanc en malgache)
Le lendemain matin, Lundi donc… Comme pour faire chier mémé, la fuite réapparait. Il faut resserrer. Je vous passe les détails pour trouver une clef de 7, cela pourrait faire l’objet d’un trop long paragraphe. Mais partir en camion chercher les outils un à un ne tend pas vers l’efficacité. D’un autre coté comme il est très difficile de trouver des outils l’expédition tourne vite court.
On ressert, cela ne fuit plus…. Mais quand on voit la tronche des durites… c’est les fesses qu’il va falloir serrer.
On décide de partir. Le PA 28 partira derrière, on longera la plage. Si on doit se poser, la plage sera notre salut et le PA28 nous évitera de faire un remake de Robinson Crusoé à faire des objets de première nécessité avec des noix de coco, en signalant notre position.
Le moteur tourne. Le contrôleur part en courant sur la piste pour informer toute la faune qu’on va utiliser la piste pour décoller (et oui l’aéronautique est aussi une activité d’aérodrome…). On remonte, on s’aligne et gaz…. Je surveille les températures tout du long. Elles se stabilisent gentiment à 105°C on est cool. On attend le PA28, on finit par faire de l’auto information, le contrôleur n’étant pas vraiment prêt pour Roissy.
On monte 3500 ft un peu d’eau sous la quille si jamais. Le PA28 fait du tourisme a 500 ft plage. On le voit il nous passe dessous. On s’annonce à Mananjary. Alex pose, nickel.
Roulage au hangar. On décapote pour voir un peu l’état de nos durites manchonnées. Là cela fait ouch ! D’un côté la durite a chopé une hernie de l’autre elle a commencé a sérieusement bruler façon merguez qu’on a oublié de piquer… On est content d’être au sol. Les durites en tube de zébu ce n’est pas fait pour durer.
Je passe en place droite du PA28 pour le retour sur Tana.
On passe au-dessus de la couche puis après quelques 360 proches de la vent arrière on pose sur la piste. Le lendemain dans un A340 on roule au point d’arrêt. Le commandant de bord indique qu’il faut faire une vérification. Il retourne au parking, on re-fuel. A mon avis, le plein a été oublié. Mais on est sur Air-France, du vol à la nourriture, c’est presque insipide….
La météo est changeante, les prévisions aussi. Les prévisions changent jusqu’au jour même, et là en regardant par la fenêtre on a une météo précise. C’est un peu comme le GPS sur la route, on arrive toujours à l’heure qu’il finit par indiquer…. trop fort.
Du coup on ne sait pas quand on peut voler. Ce samedi c’est le cas, alors que j’avais rien prévu, la météo me prend au dépourvu. Une belle journée au milieu du temps pourri si je n’en profite pas j’ai l’impression de gâcher un truc, toujours le coté Auvergnat, faut pas gaspiller les belles journées, c’est comme le reste.
Bref ce Samedi belle journée.
Il faut un prétexte. Je ne sais pas si vous avez remarqué, souvent en aero de loisir, il faut un prétexte. Encore une fois les américains sont plus décomplexés que nous ils appellent ça le burger à 100$. Bon je connais un mec, même qu’il est président, qui va chercher ses foies gras à Sarlat en ULM (je ne dénonce pas, j’illustre). C’est quand même plus classe qu’un burger. Alors qu’en fait dans les deux cas c’est …. un prétexte. Un jour je suis allé changer les bougies de la bagnole de mes parents en avion : prétexte. Clint Eastwood disait « les prétextes c’est comme les trous du cul, on en a tous un » mais en aéronautique, on en a besoin, on le cherche… le prétexte. Et sans prétexte contrairement a ce qu’on pourrait croire, on se fait chier (c’est la où cela ne colle pas avec la citation d’Eastwood)
Pris au dépourvu, j’ai pas de prétexte. J’appelle tout les pingouins de ma galaxie, mais aucun n’attend après mon coup de fil pour profiter d’une expérience inédite dans l’heure qui suit. Les amis répondent présents sur rendez-vous uniquement, les gueux.
Bon je me pointe au club. En me disant que je ne vais pas le regretter, je vais trouver mon prétexte, là, quelque part, il m’attend.
Et là Patrice Lieval qui semble chercher un prétexte (lui aussi) pour éviter d’apprendre à se servir du nouveau site (là je balance grave) il tourne autour de l’avion. Ni une ni deux, ni trois ni quatre d’ailleurs, je lui propose un vol pour n’importe où de préférence.
Plateau d’Albion de village en village, puis on saute la Durance, et là on décide d’aller voir le lac de Sainte Croix et les gorges du Verdon.
De toute façon on ne sera pas rentré pour le cours magistral de notre tout aussi magistral président sur les méthodes et l’emploi du site internet, quitte à être en retard autant ne pas mettre en péril notre sécurité ce qui consiste a vider encore un peu d’essence (on ne sait jamais, en cas d’incendie…). Sans trop de remords, quand même il faut l’avouer, on poursuit à l’est.
Les couleurs sont flamboyantes, mon passager ne veut même pas prendre le manche tellement le spectacle sublime le vol lui-même.
De retour, on saute par dessus Nyons et c’est en arrivant sur Valréas que les couleurs ont été les plus belles. Les vignes, les fruitiers…. époustouflante nature, divine.
Finalement Patrice n’a pas piloté, il n’a pas pris de photo, feignant l’animal ? Non aucun truc techno n’aurait pu transmettre l’émotion et la beauté. Dans de pareils cas il vaux mieux s’abstenir de tenter de vouloir ramener l’ombre de la magie de l’instant dans une petite boite que ce soit en 10Mo, en 4K ou je ne sais quoi encore. Cela aurait été comme mettre la montagne dans une boule sous la neige en polystyrène ou la vache dans une boite à meuh.
Alors on a atterri, l’air andouille, comme deux cons qui en avaient pris plein les yeux… mais aussi et surtout avec la banane.
Profitant de l’ouverture du nouveau site de L’ Achc, j’en profite pour partager un peu.
Ce week-end, plein de trucs à faire, repeindre la chambre de la plus petite, on a acheté la peinture y a tellement longtemps qu’elle va être périmée. Ranger des machins, jeter des trucs, en plus le dimanche y a le loto du ski-club a Buis, faut croire que l’associatif me colle aux baskets.
Pas volé depuis 4 semaines quelle guigne en plus la météo risque d’être foireuse Vendredi, venteuse Samedi… Pourtant ma famille me fout dehors car, généralement, après 4 semaines sans voler, je suis assez pénible pour mon entourage. J’arrive au club la biroute présente une érection qui aurait fait pâlir Rocco et même si je suis venu pour me mettre en l’air, je sens mes chances de voler s’amoindrirent.
Je vais grattouiller l’avion, nettoyer la moquette, frotter un machin déjà propre. Je mets le scooteur de mon pote jean Claude à charger, il sera content d’avoir de la batterie quand il viendra à Visan la prochaine fois.
Une famille arrive, j’offre la tournée de grenadine…. Je taquine un peu le futur membre potentiel.
Et la le vent cale ! Ahhhhh….
Je monte dans l’avion, home sweet home… Les commande sont là, les instruments aussi, je me mets dans la check comme une routine savoureuse, je sais que je dois redoubler de vigilance, 4 semaines sans voler….
Montée initiale ; 4 semaines sans voler depuis le froid s’est installé…. 1700 ft/min waou, je passe Valreas à 5500 ft. L’avion partage mon enthousiasme. Direction les stations de ski, on va voir où en est l’enneigement. Pallier et là le bonheur, rien ne bouge les paramètres sont calés. Une espèce de bonheur contemplatif aussi con qu’inexplicable.
Gap dont les pistes sont passées de 03/21 à 02/20. J’imagine les mecs en train de tourner la piste à la main pendant la nuit. Le lac de Serre-Ponçon, j’inspecte les stations de ski.
Deux heures de vol fantastique, calmes belles. Au retour quelques survols de village amis, le coude à la portière la main droite cherche le Klaxon.